2.7.08

Interpellation à Evelyne Huytebroeck sur l'usage des pesticides en Région bruxelloise

Le mardi 16 Juin, j'ai interpellé Evelyne Huytebroeck, Ministre en charge de l'Environnement, de l’Energie et de la Politique de l’eau sur la présence de pesticides dans notre environnement et l’atteinte qu’ils portent à notre santé et à notre patrimoine naturel. Loin d’être anodins, les pesticides sont des poisons pour les organismes vivants. Ils le sont aussi, pour l’être humain, même à faibles doses, surtout lors d’usages répétés. Les enfants sont particulièrement sensibles et exposés, tout comme les femmes enceintes. On utilise des pesticides au jardin (herbicides, anti-limaces, fongicides, insecticides etc.) mais aussi dans la maison (diffuseurs contre les moustiques, bombes insecticides, colliers antiparasites pour chiens et chats…). Ces pesticides sont appelés « pesticides domestiques » ou « biocides ». Ainsi, l’homme se rend malade par des gestes quotidiens : en protégeant son chien ou chat des puces, en utilisant un aérosol contre le vilain moustique qui l’empêche de s’endormir, en plaçant une tablette antimites dans une armoire, en mangeant des légumes où il ne risque pas de trouver la moindre chenille ou le moindre insecte, en pulvérisant ses rosiers pour les débarrasser des pucerons, ou ses plantes d’intérieur attaquées par les cochenilles, en pratiquant un désherbage chimique pour garder ses parterres propres, etc. Or, la plupart des citoyens sont peu ou mal informés de la dangerosité de l'usage des pesticides dans leurs jardins et dans leur habitation, dangerosité pour eux-mêmes et pour l’environnement. En outre, les gens font souvent un usage trop fréquent, trop important, et inadéquat de ces produits. Ces gestes qui s’inscrivent dans le quotidien font partie d’une multitude de niveaux sur lesquels il est possible d’agir pour mieux protéger notre environnement et notre santé. Pour la gestion des espaces publics et des espaces verts, l’emploi des pesticides a été réglementé. En avril 2004, le Parlement bruxellois a voté une ordonnance interdisant l'utilisation des pesticides dans l'espace public de la Région. Ceci est une bonne chose mais il y a encore beaucoup à faire pour ce qui concerne l’utilisation des pesticides dans les espaces privatifs qui représentent une part non négligeable de notre territoire puisque, d’après l’IBGE, les jardins et domaines privés occupent 42% des espaces verts en Région bruxelloise. Des chiffres pour la Région wallonne montrent par ailleurs que 30% des pesticides sont dévolus à un usage domestique et dans les jardins privatifs. Evidemment, le caractère beaucoup plus urbain de notre Région fait qu’il n’y a certainement pas de commune mesure avec la Wallonie en matière d’usage de pesticides. Toutefois, si notre région est effectivement plus urbaine, il n’en demeure pas moins qu’elle est très « verte » et infiniment riche en matière de biodiversité. Il s’agit là d’un patrimoine à sauvegarder et sur lequel les pesticides ont des répercussions profondément néfastes. Il est important de rappeler autant que possible que des alternatives viables existent à tous ces traitements chimiques. Il existe non seulement des produits verts et moins polluants mais également des pratiques de substitution, comme par exemple les haies écologiques, pour attirer oiseaux et insectes auxiliaires, les abris pour les accueillir, l’usage de plantes compagnes, l’utilisation de préparations de plantes, etc. Toutes ces préoccupations sont partagées par l’Union européenne. En mars dernier, s’est organisée la « Semaine sans pesticides », une démarche européenne relayée par de nombreuses régions de l’Union. Elle consiste en une série d’actions menées dans le but de rappeler les côtés néfastes de ces produits toxiques, néfastes pour la nature et pour l’homme, mais aussi pour sensibiliser les personnes aux alternatives possibles. Vu l’intérêt toujours grandissant du public pour tout ce qui touche à la sauvegarde de l’environnement, il est certain que cette action rencontrerait un grand succès dans notre Région. Je ne conteste pas que des projets intéressants ont été menés par la Région mais regrette qu’ils ne s’intègrent pas dans ce qui existe au niveau national et européen comme la précitée « Semaine sans pesticides » qui jouit d’une grande visibilité. Celle-ci se développe sur une dizaine de jours, deux week-ends en fait, et permet aux écoles de participer pendant la semaine. On peut donc se demander pourquoi ne pas avoir fait coïncider les évènements bruxellois « Nature au jardin » et « un jardin sans pesticides c’est possible » avec la Semaine européenne sans pesticides. Mes questions étaient donc les suivantes : 1. Existe-t-il des études sur l’usage privé des pesticides et des biocides en Région bruxelloise ? Sur le volume et la fréquence de cet usage privé et des répercussions néfastes qu’il a sur notre environnement et sur la biodiversité? 2. La semaine sans pesticides semblait être l’action providentielle pour rendre plus visible et plus efficace cette sensibilisation. Pourquoi dès lors notre Région ne s’y est pas investie davantage ? Il semblerait qu’il n’y ait pas eu de groupe de gestion bruxellois pour la préparation de cette semaine, alors que la Région wallonne était bien représentée. Est-ce exact ? La Région bruxelloise a-t-elle quand même financé l’organisation de cette semaine ? Si non, pourquoi ? 3. Concernant les espaces verts publics, existe-t-il un bilan de l’arrêt de l’usage des pesticides depuis l’entrée en vigueur de l’ordonnance ? En quoi consistent les contrôles, et quelle en est la fréquence ? La Ministre a répondu qu’il n’y avait pas de chiffres pour notre Région et qu’il s’agissait de données difficiles à établir. Même en se rapportant aux ventes de ces produits, l’endroit où on les achète n’est pas forcément celui où on en fera l’usage. Elle rappelle qu’une collaboration avec le Fédéral est indispensable et plaide même pour une politique nationale plus que fédérale. Elle précise aussi que l’IBGE participe amplement à l’effort fédéral en la matière. Concernant la non participation de la Région à la Semaine européenne sans pesticides, la ministre a répondu qu’il ne s’agissait pas d’une intention délibérée mais que ses services se sont concentrés sur le projet « nature au jardin » dont les dates fixées ne coïncidaient pas avec celles de la dite « semaine ». Ce a quoi elle a ajouté qu’elle prendrait en compte cet évènement et verrait si il est possible d’y intégrer ce qui se fait déjà dans la Région. Il n’est pas possible pour l’IBGE de participer à tous les évènements organisé par l’Europe, sans compter toutes les autres demandes de participations à d’autres niveaux dont ils sont l’objet. Ils sont donc obligés d’opérer un choix. Au niveau de l’usage des pesticides dans les espaces publics, il semblerait, aux dires de la Ministre Huytebroeck, qu’il n’y ait pas de contrôles systématiques qui permettraient une évaluation du respect de l’ordonnance interdisant l’utilisation des pesticides dans l’espace publics. J'ai été satisfaite de la volonté de la Ministre d’étudier la possibilité d’intégrer les différentes actions dans le cadre national et européen de « la semaine sans pesticides ». Par contre, je déplore d’apprendre le peu de suivi du respect de l’ordonnance l’usage des pesticides dans les espaces publics. On peut espérer qu’un contrôle ne révèlera pas que l’ordonnance est restée lettre morte et que l’utilisation des pesticides se poursuit. En outre, le contrôle permettrait de mesurer la pertinence de cette interdiction et d’évaluer les effets de l’ordonnance.