17.12.08

Intervention en séance plénière du 17 décembre 2008

Monsieur le Président du Collège, Mesdames, Messieurs les Ministres, Chers Collègues, Mon intervention portera principalement sur des aspects de la politique de cohésion sociale et sur la politique en matière d’égalité entre les femmes et les hommes. Nous avons constaté dans le projet de budget qui nous a été soumis qu’une augmentation substantielle était prévue pour un centre régional pour le développement de l’alphabétisation. En l’occurrence, le crédit budgétaire passe de 765.000 euros au budget 2008 à 796.000 euros au budget 2009. La justification qui en est donnée consiste dans le fait qu’une modification du décret de cohésion sociale sera soumise d’ici peu au Parlement afin de créer, je cite, « un centre régional pour le développement de l’alphabétisation et l’apprentissage du français pour adultes, et « Lire et Ecrire » sera très probablement amené à remplir ce rôle. ». Depuis lors, la commission des Affaires sociales a eu à débattre de ce projet de décret, pas plus tard que la semaine dernière. Nos remarques restent de mise. Pourquoi considérer d’office que ce soit l’asbl Lire et Ecrire qui remplisse ce rôle de centre d’expertise d’alphabétisation en langue française. Il convenait d’ouvrir le champ à d’autres candidatures. L’attribution de cette mission ne peut se concevoir sans qu’il n’y ait un débat sur cette question. Bien sûr cette asbl a occupé le terrain et s’est impliquée depuis longtemps en la matière mais il y a quelque chose de choquant à indiquer dans les justificatifs du crédit budgétaire que, pour ainsi dire, les dés sont pipés… En outre, tout le monde sait très bien qui est aux commandes dans Lire et Ecrire, qui préside le Conseil d’administration, etc…. A ce sujet, je souhaite faire référence au pacte culturel. Pour rappel, le pacte culturel est un élément essentiel des dispositifs qui, en Belgique, garantissent le pluralisme des idées et des pratiques. Signé en 1972, le Pacte poursuit un double objectif : favoriser la participation des acteurs de terrain à l’élaboration et à l’application des politiques publiques, et donner des garanties à toutes les minorités idéologiques et philosophiques qui s’adressent à des institutions publiques ou assimilées, de la RTBF à un terrain de sport communal. Comme le Pacte scolaire, le Pacte culturel est à la fois un engagement solennel des partis politiques et une loi-cadre d’une grande portée. Il couvre tous les domaines de la culture, mais aussi le champ des médias et du sport. Il n’est pas à exclure que le pacte culturel ou en tout cas la philosophie qui le sous-tend, puisse être d’application pour le secteur de l’alphabétisation. En effet, on peut sans aucun doute considérer que l’alphabétisation est le passage obligé vers le développement culturel, la clé pour la porte d’entrée de la culture et que dès lors, ceci justifie que le pluralisme soit étendu au secteur de l’alphabétisation et trouve à s’exprimer dans la composition du conseil d’administration de l’asbl qui sera choisie comme centre d’expertise pour l’alphabétisation. Ainsi d’ores et déjà, le Pacte culturel en Belgique est appliqué à des domaines aussi variés que l’aide à la jeunesse et la formation professionnelle. Par ailleurs, nos voisins du Grand-Duché du Luxembourg ont entamé une réflexion sur le champ d’application de telles dispositions. Ainsi, afin que la politique culturelle ne soit pas limitée à la gestion du quotidien ou à des interventions sectorielles, à l’événementiel ou au prestige, un débat doit s’ouvrir sur la place de la culture, comme facteur de cohésion sociale, d’intégration, contribuant au « vivre ensemble ». Et c’est bien de cela dont on parle quand il s’agit de cours d’alphabétisation. Les thèmes autour duquel un tel débat pourrait s’articuler sont, notamment: * Diversité culturelle* Cohésion sociale* Droits culturels* Démocratisation et démocratie culturelles* Art et culture: * Culture et autres domaines* Quelle gouvernance pour quelle politique ?* Professionnalisation de la culture* Jeunesse et éducation culturelle Il n’est certainement pas sans intérêt de stabiliser l’action et l’encadrement du secteur de l’alphabétisation mais il ne faut pas que cela aboutisse à une rigidité et une unité de point de vue. En commission, vous avez accepté de réfléchir à une ouverture des organes de gestion du futur Centre d’expertise au pluralisme. J’espère vous avoir convaincu que la réalisation de cette ouverture est une nécessité. En ce qui concerne les projets en infrastructure sociale, je déplore le nombre peu élevé de demandes spécifiques aux infrastructures. Ce qui me chagrine encore davantage, c’est l’explication donnée en commission par monsieur le Ministre à savoir le lancement du plan « crèches » de la Région. Ainsi, nous a-t-il dit, les opérateurs du secteur « crèches » peuvent aussi s’adresser à la Région pour la création de petites infrastructures. Quand on vit de près les besoins criants du secteur et le fait que selon les communes, entre 50 à 80% des demandes de place en crèche ne sont pas satisfaites, je crois que l’on doit surtout critiquer, monsieur le Ministre, un manque de coordination avec la Région, un manque d’information des candidats aux subsides et un défaut d’harmonisation des procédures et des délais. J’en viens pour terminer à la matière transversale d’égalité entre femmes et hommes. Celle-ci relève du Président du Collège, monsieur Cerexhe. Là, il y a bien un crédit budgétaire pour la réservation de places d’accueil dans les crèches en faveur des enfants en bas âge d’agents de la Cocof à Schaerbeek et à Anderlecht. Mais pas d’augmentation ni même d’indexation de ce crédit qui reste limité à 40.000 euros. Sachant que la réservation de places par un employeur pour ses employés ou agents dans le cas présent, représente une dépense de 5000 euros pas an par enfant, cela ne fait que 8 places ! Cela nous parait bien maigre… A part ce crédit très faible, rien n’est prévu pour une politique du genre, pour récolter des statistiques sexuées, etc. D’ailleurs, monsieur le Président, vous m’aviez annoncé lors de ma dernière interpellation sur ce sujet que le Parlement recevrait cet automne le rapport sur l’égalité que le Gouvernement doit soumettre au Parlement depuis 2006. Les feuilles sont déjà toutes tombées. Qu’attendez-vous pour nous montrer votre action dans ce domaine ?... J’ai un peu l’impression que nous sommes comme Sœur Anne dans Barbe-Bleue, le conte de Charles Perrault, «Anne, ma soeur Anne, ne vois-tu rien venir?» - Et la soeur Anne répondait: - «Je ne vois rien que le soleil qui poudroie et l'herbe qui verdoie.» Je vous remercie.