6.1.09

Nos foyers sont-ils toxiques? Interpellation à la Ministre Huytebroeck

Il y a quelques moi, j’ai interrogé la Ministre de l’Environnement sur la présence toxique de nombreux pesticides domestiques dans les foyers, toxicité qui représente un danger bien réel pour tout un chacun. J’ai voulu aujourd’hui attirer son attention sur les résultats du travail de la Cellule Régionale d’Intervention en Pollution Intérieure (CRIPI), présentés dernièrement à un colloque Santé -Environnement de l’IBGE, et qui démontre l’importante causalité qui lie la santé des individus avec les bâtiments dans lesquels ils vivent. Or, on estime qu’un être humain passe environ 80% de son temps à l’intérieur des bâtiments. Le choix des matériaux, des revêtements et peintures, des installations techniques y compris les appareils de chauffage et de combustion peut avoir une incidence importante sur la santé. Avec les pesticides domestiques et certains produits ménagers également nuisibles, cela nous donne une accumulation importante de sources multiples auxquelles les gens se retrouvent exposés. Ainsi, si il existe une performance énergétique des bâtiments, on pourrait dire qu’il existe également une performance santé des bâtiments. Or cette dimension ne semble pas ou peu prise en compte dans les politiques régionales. J’ai donc demandé à la Ministre si la dimension santé est prise en considération dans les politiques régionales ayant trait au logement ou aux travaux publics, si les bâtiments dont la Région à la responsabilité sont soumis à des exigences qui permettraient d’éviter une exposition trop importante et des répercussions néfastes sur la santé ? Des réflexions ont-elles été menées ou entamées au niveau régional ou à d’autres niveaux pour que soit mieux intégrée cette dimension santé des bâtiments, avec peut-être des objectifs qui prennent en compte l’exposition des individus et les effets sur la santé ? Je me rend bien compte que mes questions ne touchent pas seulement aux compétences strictement liées à l’environnement et pourtant c’est à la Ministre Huytebroeck que je les ai posées, car on se rend bien compte aujourd’hui que les problèmes environnementaux sont des matières qui touchent implicitement ou explicitement à de nombreux autres aspects de la vie de nos concitoyens et qu’il faut les traiter comme tels, avec la transversalité qui convient. J’ai tenu a rappeler que les gens ne semblaient pas toujours bien informés des dangers qu’ils encourent, même dans leur propre espace intérieur, et qu’il convenait de les sensibiliser au maximum. La ventilation est un des facteurs pour lutter contre la pollution intérieure (on conseille d’aérer tous les jours pendant 15minutes) et ce même si cela ne paraît pas toujours évident, surtout avec le froid et les pics de pollutions qui règnent en ce moment. La Ministre m’a répondu qu’effectivement, la question était encore trop peu connue et qu’on en parlait pas assez. C’est d’autant plus étonnant qu’on est plus attaqué à l’intérieur qu’à l’extérieur. Des actions concrètes ont été menées notamment au travers de collaboration avec les acteurs de la construction qui paraissent être de plus en plus sensibilisés à cette problématique de la santé. Un guide pratique de la construction durable, avec des conseils concrets pour limiter la pollution intérieure, a été publié et la cellule Eco construction s’est adjoint un facilitateur en la matière. L’ordonnance Performance Energétique des Bâtiments (PEB) a été adoptée et il y est traité du climat intérieur avec notamment des points sur l’importance de la ventilation. L’appel aux bâtiments exemplaires va aussi dans ce sens et suscite un engouement important. Le site de l’IBGE est autre bon outil avec des informations spécifiques sur la ventilation. Au niveau de la construction, il existe des règles mais il convient de continuer à expliquer cette réalité aux professionnels, à les informer et à les intégrer au niveau des formations car il ne faut pas oublier que ce concept de lier habitat et santé, construction et santé est encore assez neuf. Il y a plus de moyens pour les acteurs de terrain comme la CRIPI et les asbl Habitat et Santé. Il y a dans leurs interventions des critères bien définis. Pour la Ministre, la performance santé s’intègre dans la performance energétique. Le site de l’IBGE présente une carte des acteurs médicaux sociaux en rapport avec la pollution intérieure. Depuis trois ans des communications publiques ont lieu (pour les professionnels). Maintenant que les professionnels sont au courant, on pourra communiquer vers le grand public dès cette année. Voilà un résumé des réponses de la Ministre à mes questions. Quant à moi, je regrette le manque de campagne d’information auprès du grand public, à l’exception de ces derniers mois. Ce travail aurait dû être fait en parallèle dès le début. On l’aura compris, la principale barrière à surmonter dans ce dossier, c’est l’ignorance des personnes quant aux dangers encourus dans leur espace intérieur. La Ministre nous dit que le volet santé est implicitement contenu dans l’ordonnance sur la performance énergétique des bâtiments, et que cela concerne donc l’ensemble des nouveaux projets : mais c’est bien ce qu’on lui reproche, de ne pas être plus explicite et de se limiter aux nouveaux bâtiments.