23.10.08

Trois articles sur la crise économique

Je n'ai pas eu le temps de réagir sur mon blog par rapport à la crise financière, mais les trois articles qui suivent résument bien mes positions et réactions face à ce contexte économique national et international si difficile. Fortis vendu à BNP Paribas : Reynders a eu quatre fois raison Trends Tendances chronique économique d’Amid Faljaoui 07/10/2008 En moins d’une semaine, la première banque de Belgique a été découpée et vendue en morceaux, d’abord à nos voisins du Nord. Des voisins pas très corrects, d’ailleurs, puisque leur ministre des Finances n’a rien trouvé de mieux que d’affirmer que la partie rachetée par les Pays-Bas était la partie la plus saine, sous-entendant que les Belges ont gardé les actifs les moins intéressants ou les plus «toxiques». Quant aux Français de BNP Paribas, ils ont dû relever leur première offre avant de racheter la partie nationalisée par l’Etat belge. Tout cela, évidemment, peut laisser un goût amer aux citoyens belges, surtout s’ils lisent le néerlandais. Le journal batave De Telegraaf, toujours élégant (comme peuvent parfois l’être nos voisins du Nord), n’a pas hésité à écrire que la Belgique est redevenue un «nain bancaire» dans la nuit de dimanche à lundi : «Après avoir vendu leur acier et leurs groupes énergétiques dans les années 1980-1990, les Belges ne jouent en effet plus un rôle mondial que dans la bière.» Fin de citation. Lire ce genre de prose ne fait bien entendu pas plaisir. Dans le cas de Fortis, avions-nous seulement le choix ? Didier Reynders l’a très bien expliqué sur les antennes de la RTBF, et je pense que l’option choisie par le ministre des Finances et par Yves Leterme était la meilleure possible. Primo, la vocation d’un Etat n’est pas d’être actionnaire d’une banque. En revendant sa part à BNP Paribas - et avec une plus-value - l’Etat belge a bien joué en faisant monter les enchères. Secundo, en choisissant BNP Paribas comme repreneur, l’Etat rassure les épargnants belges qui se retrouvent dans le giron d’une des meilleures banques au monde. En outre, il rassure le personnel de Fortis puisque, BNP Paribas n’ayant pas de réseau en Belgique, il n’y aura pas de doublons chez nous, et donc pas de licenciement. Tertio, l’Etat belge dispose d’une minorité de blocage (25 %) au sein de l’entité belge. Autrement dit, la direction de BNP Paribas ne pourra faire ce qu’elle veut chez nous. Last but not least, l’Etat belge devient le premier actionnaire de la première banque française, historiquement connue comme plutôt généreuse en matière de dividendes, ce qui est bon pour les caisses de l’Etat. Au vu de tout cela, je crois qu’il faut féliciter Didier Reynders pour sa qualité de manoeuvrier plutôt que de recourir à une spécialité typiquement belge, l’autoflagellation. «Le Soir» - Courrier des lecteurs - 7 octobre 2008 Vous avez dit crise du Libéralisme ! La crise financière actuelle n’est absolument pas due à un dysfonctionnement des marchés contrairement à ce que certains affirment. Au contraire, la cause fondamentale et de base provient de la politique monétaire américaine. Et qui fait de la politique monétaire, le marché ? Certainement pas le marché libéral, mais bien les autorités publiques (le taux directeur est fixé par la Fed) ! Ainsi le taux de crédit pratiqué, n’a jamais été le taux de crédit « naturel » qui résulterait de la loi du marché et émergerait spontanément de la rencontre entre l’Offre de crédit et la Demande de crédit. La réserve fédérale des États-Unis a complètement manipulé ce taux de crédit tout d’abord par des taux historiquement bas qui ont encouragé l’emprunt hypothécaire et la consommation au-delà du raisonnable (contrairement à ce que le taux du marché aurait régulé). En outre, l’état et oui l’état « grâce » à une législation de 1977 (« Community Reinvestment Act ») permet à un établissement d’obtenir sa garantie s’il s’engage en contrepartie à prêter à des personnes à revenus modestes, auxquelles de tels prêts ne seraient sans celle-ci accordés. Les taux d’intérêt bas et cette législation sur les prêts incitèrent les gens à s’endetter et ont créé l’illusion de richesse, car il n’y a pas eu pour autant plus de biens et de services offerts sur le marché (l’Offre) qu’avant cet ajout de monnaie en circulation. C’est ce que le prix Nobel d’économie Milton Friedman appelle « l’illusion monétaire ». Le taux directeur des banques centrales et l’émission de monnaie qui notamment en résulte ne proviennent donc absolument pas d’une autorégulation du marché Cette politique étatique a donné lieu à un emballement du marché immobilier et les banques ont accordé imprudemment des crédits hypothécaires notamment à des personnes qui avaient peu de possibilités de rembourser. En outre, la réserve fédérale des USA a d’autorité relevé son taux d’intérêt directeur (entre 2004 et 2006, il est passé de 1% a 5,25 % !). Ainsi, le prix de l’immobilier a commencé à chuter et dès lors les emprunteurs se sont retrouvés avec une hausse de leurs mensualités alors que la valeur de leur bien diminuait. En outre, les établissements de crédits, ne purent récupérer leurs mises en vendant les habitations hypothéquées d’où la valse des dépréciations d’actifs qui en résulta. Les banques afin de réduire le risque et ainsi pouvoir présenter un ratio de fonds propres conforme à la réglementation étatique revendirent leurs créances souvent regroupées avec d’autres (phénomène de « titrisation ») qui à leur tour sont devenues suspectes et créa un phénomène de contagion notamment en Europe ainsi qu’une crise « systémique » de confiance entre les banques (marché interbancaire) qui virent ainsi se tarir leurs principales sources de refinancement ce qui a nécessité des injections massives de liquidités afin de nous sauver d’une crise sans précédent. Si Di Rupo y voit directement la faillite du système libéral, l’on peut se poser la question de quel système Libéral ? De quel marché libre il s’agit ? Au lieu de stigmatiser le Libéralisme et une prétendue instabilité des lois du marché, l’on devrait au contraire stigmatiser l’extraordinaire imperfection de la politique monétaire pratiquée par l’État qui prend des libertés avec les lois économiques de base ! Bernard BEUGNIES « Maître en Management Public de la Business School Solvay » Enseignant à la Haute Ecole de la Communauté Française du Hainaut 9 octobre 2008 Le libéralisme allie capitalisme et démocratie Le capitalisme n’est pas un projet de société. Il est et doit rester une technique économique, un instrument au service des gens. Et ce, au sein d’une société organisée selon la volonté démocratique de tous les citoyens. Le capitalisme n’est donc pas synonyme de libéralisme. Ce sont deux mots distincts ayant des significations clairement différentes. Seuls les adversaires des libertés, cherchant l’amalgame, glissent volontairement d’un terme à l’autre. Le libéralisme est un projet de société. Projet pleinement politique, comportant des aspects sociaux, culturels et économiques, son objectif premier est de garantir les libertés réelles dont disposent chacune et chacun. Libertés « réelles », car le libéralisme ne vise pas seulement une liberté idéale : un être humain, en effet, n’est libre que s’il dispose concrètement des moyens pour l’être. Autrement dit s’il peut se nourrir, se déplacer, travailler, habiter un logis, se chauffer, assurer un avenir pour ses enfants… Pour qu’il en soit ainsi, il faut que la société tout entière participe par le travail, par des investissements, par ses ressources à la création de richesses. Selon la formule connue : on ne construit pas un paradis social sur un désert économique. Il faut donc pouvoir allier les deux aspects : l’activité économique, seule susceptible d’assurer le bien-être, avec la vigilance démocratique, laquelle exige que les intérêts du plus grand nombre soient pris en compte. Aucun autre système au monde n’y a mieux réussi que le libéralisme. Les bienfaits dont nous disposons quotidiennement, de l’enseignement obligatoire à la sécurité sociale, de la liberté d’entreprendre à la capacité de créer, de la protection par la justice à la sécurité même de vivre, sont tous, à un degré ou l’autre, d’inspiration libérale. Le libéralisme s’oppose à toute dérive, à tout excès qui viendrait rompre cette alliance entre démocratie et économie. Il n’y a pas de démocratie sans l’économie de marché (l’échec des Républiques socialistes soviétiques l’a montré). Mais l’économie ne doit pas se dérober à sa mission démocratique, c’est-à-dire à sa mission humaine. Sinon, on n’est plus dans le cadre d’une création de richesses au service des entreprises, au service du travail, au service de l’avenir de toute une société ! Le libéralisme est la bonne façon de faire fonctionner le capitalisme : il soutient l’économie de marché et le modèle économique capitaliste, mais dans le même temps, il maintient celui-ci sur ses rails, le contraignant à ne pas oublier l’objectif assigné : contribuer au développement de la société et au bien-être des gens. Contre la crise financière qui se déploie actuellement, les gouvernements des démocraties libérales sont occupés de prendre les mesures les plus fortes. Cette régulation de l’activité financière ne remet nullement en cause la doctrine libérale qui veut que l’autorité publique démocratique soit en mesure d’intervenir efficacement quand cela est nécessaire. Ce fut le cas, par exemple, pour sauver la sidérurgie wallonne. C’est le cas aussi, actuellement, pour lutter contre le réchauffement climatique. Ce libéralisme lucide est celui que Didier Reynders porte aujourd’hui sur le terrain économique. Richard MILLER Président de l’Intergroupe Parlementaire du MR

Participation le 30 septembre dernier au rond-point Schuman à la campagne : « Your signature can curb climate change » Du 22 septembre au 30 octobre 2008, Vattenfall, société suédoise productrice d'électricité, organisait Place du Luxembourg à Ixelles, une action de sensibilisation et la signature d'un manifeste autour du changement climatique. Ce manifeste comporte 3 points formulés en anglais et visibles sur un écran LED qui était placé dès le 22 septembre sur une des façades de la Place. Ces points sont les suivants : We need a global price on CO2 emissions We need more support for climate friendly technologies We need to implement climate requirements for products Le message principal qu'ils veulent faire passer aux citoyens en les appelant à signer cette pétition est qu’ils ont plus de pouvoir qu’ils ne le pensent pour limiter le changement climatique. Ainsi, en signant le manifeste climatique ils encouragent les décideurs politiques à prendre les bonnes décisions pour le climat. Je pense qu’ils ont raison, les citoyens ne se doutent pas combien ils ont certaines cartes en main pour inspirer ou influer les débats politiques. Je suis aussi souvent étonnée que les gens ne fassent pas plus de démarches vers leurs mandataires pour les informer ou mettre certains sujets sur le tapis, car il ne faut pas oublier que le représentant politique, pour bien porter son nom, est sensé être à l’écoute du citoyen, l’informer si nécessaire et relayer ces préoccupations auprès des décideurs politiques. Vattenfall collabore aussi activement à une initiative prise par les industriels suédois qui a pour objectif d'accélérer le développement de la prochaine génération de véhicules hybrides pouvant être rechargés directement à partir de la prise secteur. La voiture REVA vendue depuis peu en Belgique est aussi un bon exemple de véhicule hybride. Les véhicules électriques ne nécessitent aucune infrastructure complexe. La Suède a également assez de capacité de production pour satisfaire la demande en électricité, à la fois dans le court et le long terme. Par exemple, le parc éolien de Lillgrund qui comprend 48 éoliennes pourrait fournir suffisamment d'électricité pour alimenter 147 000 véhicules parcourant 15 000 kilomètres par an et en utilisant l'électricité à 75% de son temps. L'utilisation de l'électricité pour alimenter les véhicules domestiques est un très bon exemple dans la manière de gérer efficacement les ressources énergétiques. Les partenaires du projet sont Saab Automobile, Volvo Cars et ETC AB. Le financement est également assuré par l'Agence suédoise de l'énergie. Voici encore un bon exemple de projet ambitieux pour lutter contre le changement climatique, espérons que l’on n’aura pas finit d’entendre parler de ce genre d’initiatives. Mais je constate avec plaisir sur le terrain que plus rien n’est fait sans avoir pris en compte cette empreinte écologique et c’est tant mieux car il y a beaucoup à faire.